Norme RSE : le volet sociétal à son tour engagé
Le développement durable s'organise autour de l'économie, de l'en vironnement, et du social. Après la mise en place des deux premiers volets, les entreprises investies dans cette démarche ont travaillé pour définir une responsabilité sociétale appliquée au végétal. Aujourd'hui, les politiques régionales se précisent. Exemples dans le Limousin et les Pays de la Loire.
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Il y a vingt-cinq ans, le développement durable a été défini comme « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». En clair, un développement durable concilie vertueusement l'économique, l'écologique et le social. Les entreprises qui se sont intéressées à ce défi sont légion. À leur attention, on parle aujourd'hui d'entreprises « socialement » ou « sociétalement » responsables. Vulgarisée sous le terme de « norme RSE », la norme Iso 26 000 entend reconnaître mais aussi impulser les efforts réalisés par ces sociétés. Dans le secteur horticole, on entrevoit aujourd'hui de mieux en mieux le contenu de cette « responsabilité sociétale ». « Les volets économique et environnemental sont travaillés de longue date par les producteurs », rappelle Marie Abba, du Bureau horticole régional (BHR) des Pays de la Loire. En 2010, le BHR a mis en place un parcours de progrès qui intègre les trois piliers de la responsabilité sociétale. « La particularité de notre démarche réside dans une première étape consacrée à vérifier que l'entreprise est bien en phase avec la réglementation liée aux volets économique, environnemental et social. » Une deuxième étape porte sur le respect des bonnes pratiques. « On y intègre des outils comme Plante Bleue, la norme Iso 14 001 (environnement) ou encore Haute Valeur Environnementale (HVE), la certification des exploitations agricoles françaises. » Concernant le volet social, les entreprises engagées dans le parcours du BHR ont, par exemple, intégré les actions de prévention des risques Santé et sécurité au travail (SST). Un domaine dans lequel leurs obligations réglementaires sont fortes. Toutes les actions qui participent à la vie et au rayonnement de leur territoire ont également été retenues. Et parmi celles-ci, notamment le fleurissement des villes mais également l'accueil du public. Depuis son lancement en 2010, le BHR a organisé trois sessions de formation RSE. Aujourd'hui, un tiers de ses adhérents sont engagés dans le parcours. Au sein d'un club de progrès, ils se réunissent une fois par an. « Concernant le volet social, il y a de très bonnes idées dans les entreprises », souligne Morgane Yvergniaux, chargée de mission au pôle de compétitivité ligérien du végétal, Végépolys. « Certaines ont mis l'accent sur le bien-être de leurs salariés en proposant, par exemple, l'intervention d'un ergonome ou d'un ergothérapeute. D'autres ont porté leurs efforts sur la biodiversité et ont travaillé sur l'aménagement des abords extérieurs. » Depuis mai dernier, Végépolys propose à ses adhérents un parcours RSE. Inspiré de la norme Iso 26 000, il vise à « donner une vision claire de ce que l'entreprise a déjà fait et de ce qui lui reste à faire ». Pour l'heure, trois adhérents, dont deux Ligériens et un basé en région parisienne, ont déposé leur candidature. « Les diagnostics individuels devraient intervenir d'ici la fin de l'année et les actions collectives démarrer au premier trimestre 2014. »
Limousin Entreprises Durables (LED)
À l'inverse de certaines de ses consoeurs, la norme Iso 26 000 n'est pas certifiante. Alors qu'attendre du travail engagé ? Des efforts fournis ? « La démarche RSE peut être intéressante pour des PME qui conduisent déjà des actions que l'on peut appeler orphelines. Elle va justement leur donner cette cohérence qui manque », souligne Thierry Cruchon, consultant dans le Limousin. Dans cette région, six entreprises ont créé le réseau Limousin Entreprises Durables (LED) en partenariat avec le conseil régional. Présenté en mai dernier à Angers (49) dans le cadre d'une réunion organisée par Végépolys sur le thème « Faites le pari de la RSE », il illustre un partenariat possible entre collectivités locales et entreprises et un possible retour sur investissement. Le réseau LED compte aujourd'hui un peu plus de trente adhérents. Parmi eux, des établissements de tous les secteurs, mais également des organismes de conseil et de formation. « La charte intègre les trois piliers de la RSE ainsi que des dispositions concernant la gouvernance de l'entreprise. » Le réseau a établi une grille d'autoévaluation « dans laquelle on a mis des KO qui, de fait, excluent l'entreprise de la démarche », précise Thierry Cruchon. Une fois rempli, cet outil donne un niveau de score atteint. Quatre niveaux ont été prévus. « C'est une bonne manière pour développer la motivation et ouvrir une marge de progrès. » Devenu partenaire de la démarche LED, le conseil régional a lui aussi posé ses exigences. En particulier dans le domaine environnemental. « À l'inverse, nous avons obtenu que les critères d'écoconditionnalité soient levés pour certaines aides régionales quand l'entreprise est engagée dans la RSE. »
Une reconnaissance accrue de l'entreprise...
À l'expérience, la démarche RSE semble apporter un autre type de profit. « Elle crée du lien avec les pouvoirs publics et accroît la reconnaissance de l'entreprise », constate Thierry Cruchon. La diffusion, une fois par an, d'un bilan des démarches engagées auprès des partenaires, administratifs notamment, participera de cette reconnaissance. « Dans le cadre du plan d'actions, il peut être intéressant de déterminer deux volets phares par an et de communiquer ensuite plus spécifiquement dessus. » Le 2 octobre dernier, dans les Pays de la Loire, le conseil régional a présenté le référentiel RSE ligérien à disposition des entreprises. Il est en ligne sur internet (*), de même qu'un mode d'emploi et une grille d'autoévaluation ; il couvre des actions dans les domaines social, économique, environnemental, territorial et de la gouvernance.
Dans le domaine social, trois axes prioritaires ont été retenus : favoriser le bien-être et la qualité de vie au travail ; développer les compétences de tous les salariés ; promouvoir la diversité et l'égalité des chances. Parallèlement, l'instance régionale a défini sa propre politique RSE. Celle-ci passe par un soutien à l'investissement socialement responsable. Dans le cadre d'un fonds RSE nouvellement créé, des prêts participatifs pourront en effet être consentis. La région mise également sur l'intégration progressive d'éléments sociaux et environnementaux dans ses commandes publiques. Concernant les aides, comme dans le Limousin, les élus ligériens ont retenu le principe de la conditionnalité. En pratique, les contrats de progrès RSE adoptés par les entreprises seront croisés avec le référentiel régional. Enfin, la politique régionale insiste sur l'accompagnement des sociétés et tout particulièrement des TPE (très petites entreprises) et PME (petites et moyennes entreprises). Avec, dans le domaine du végétal, une toute première illustration. Une PME qui s'engage dans le parcours RSE proposé par le pôle de compétitivité Végépolys peut d'ores et déjà bénéficier d'une aide financière de la région. D'un montant de 4 700 euros, elle représente 60 % du coût du parcours. À noter toutefois que seuls huit établissements pourront en bénéficier.
Anne Mabire
(*) www.paysdelaloire.fr/region-actu/actu-detaillee/n/ responsabilite-societale-des-entreprises-les-pays-de-laloire-precurseurs/
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